Flash Bang Grenada (Busdriver & Nocando)
de "10 Haters" à "10/Thousand Haters"
, le 7 avril 2014
Flash Bang Grenada est la contraction de deux entités complémentaires, Busdriver et Nocando, basés à Los Angeles et incontournables de la scène alternative, progressive et abstract où ils portent le flambeau du label Hellfyre Club, avec entre autres Milo, Open Mike Eagle et Taurus Scott.
De l’opus de Flash Bang Grenda 10 Haters à 10/Thousand Haters : Itinéraire.
Good Cop, Bad Cop
2011 : Le premier opus du tandem electro-futuriste Flash Bang Grenada 10 Haters est une combinaison létale entre rap d’anticipation aux punchlines orchestrées et productions sonores dans la veine ce que L.A. nous abreuve « on repeat » : collages et agencement(s) d’une grande radicalité et d’une finesse avouée. Ici, Flash Bang Grenada donne style et corps à un rap hallucinogène à la lumière d’un Hollywood fantomatique.
Dès-lors, 10 Haters livre ses hits, entre envolées jordanesques de Busdriver et punchlines massives de Nocando et, lorsque Mr Dibiase (producteur prolifique de L.A.) s’invite sur un track (ici Good Cop, Bad Cop), le résultat est spectaculaire :
I Can Teleport
Dans ce foisonnement electro-rap aux fantasmes de science-fiction et à la paranoia drôlissime, Flash Bang Grenada se révèle comme l’une des combinaisons progressive/alternative abstract les plus solides, où le flow foudroyant et haletant de Busdriver se mêle au lyricisme percutant de Nocando pour littéralement nous téléporter vers le futur de la scène hip hop indé californienne, pourtant déjà en ébullition.
Sorry, Fuckers
A l’instar de l’épique lettre ouverte de Busdriver Sorry, Fuckers au format single, Flash Bang Grenada cultive les diatribes électroniques comme les références vestimentaires et/ou culturelles pour un plaisir garanti.
Les récents projets solo de Busdriver et de Nocando attestent une fois de plus que la formation d’Hellfyre Club se pose comme le renouveau d’une scène extrêmement hétérogène mais dont les liens sont véritablement profonds.
10 Thousand Haters
Ainsi, Flash Bang Grenada multiplie les projets sous la signature du vaisseau amiral Hellfyre Club et distille avec justesse les métaphores urbaines pour un rap définitivement à l’avant-garde où la recherche sonore et sa sophistication se mêle à une recherche incessante de la punchline dans un univers de science fiction hautement maîtirisé.
Ils s’allient notamment à des producteurs haut de gamme (Flying Lotus, Nosaj Thing) pour nous offrir des nuances plus versatiles et non synchronisées par les éternels samples de caisse claire que l’on retrouve dans un trap game trop soft et « devilish ».
Le même trap game qui, innondant les ondes dans une sur-exploitation des symboles et dans une simplification à l’extrême du rhytme et de la phase verbale, se place à l’opposé de la scène progressive.
Pour preuve, la compilation Dorner vs Tookie d’Hellfyre Club, dont le titre phare « Pet Alligators » égraine notamment la liste des haters depuis l’opus 10 Haters jusqu’à aujourd’hui sur une flamboyante production de Kenny Segal (Team Supreme).
Un must.
L’avant-garde de l’abstract/progressive consiste en un noyau dur de producers/emcees dont Flash Bang Grenada fait partie et qui, aujourd’hui, élaborent une mise en perspective d’un Hip Hop contemporain aux frontières, en décalage et ce avec la volonté absolue d’esthéticisation à l’extrême de la matière sonore et verbale comme matériau plastique.
Au-delà des clichés repétitifs "on repeat" du mainstream et des combats vains de l’underground, la scène progressive délivre un devoir de théorisation et de relecture par lequel les labels indépendants aujourd’hui sont devenus le centre névralgique d’un Hip Hop devenu à moitié conscient.