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L’hallyu, c’est l’hallu !

Séoul, laboratoire de la nouvelle hype

Yann, le 29 juin 2013

Paris, Berlin, New York, Los Angeles ? Aussi bandant qu’une escalope de dinde. Tokyo ? Elle était trendy il y a vingt ans et ne nous fait plus guère rire. Vous me direz : les capitales scandinaves ? Mais non, le charme Björk est rompu depuis longtemps, aujourd’hui c’est l’équivalent de mettons Mireille Mathieu. LA ville du moment et de l’avenir, c’est... Séoul.

Le succès monstre du "Gangnam Style" de Psy, la vidéo la plus vue de l’histoire du web en un temps record, donne le ton. Pourtant, la mégapole de 15 millions d’habitants (soit, en ajoutant l’effectif de l’agglomération, la moitié de la population de la Corée du sud) revient de loin : il y a à peine 20 ans, elle était aussi riante que l’ex Allemagne de l’est, avec ses barres moches à pleurer qui vous donnait envie de vous pendre sur le champ. Mais depuis les années 80, elle s’est hissée au septième rang des villes accueillant le plus de sièges de multinationales et est devenue la quatrième économie d’Asie. Début 2000 émerge la "K-pop", un courant de musique populaire réunissant des boys bands, chanteurs beaux comme Alain Delon dans sa jeunesse, mais surtout des starlettes bien sexy : elle est aujourd’hui une véritable machine de guerre économique. Les jeunes coréennes usent et abusent de la chirurgie esthétique. Tous les soirs à la sortie des bureaux, les businessmen investissent les quartiers branchés, notamment la très prisée rue Garosugil, pour se mettre la tête à l’envers à coup de bière et de soju, l’alcool fort, typiquement coréen, le plus vendu au monde, loin devant par exemple ce bon vieux whisky. Projets architecturaux spectaculaires, dont des îles artificielles sur le puissant fleuve Han, qui font gagner la ville en superficie, stylisme, design : Séoul est à la pointe et attire de plus en plus de touristes fortunés. En 2010, elle est élue capitale mondiale du design par l’International Council of Societies of Industrial Design (Icsid). En 2011, elle accueille le G20 avec force dépenses somptuaires. Son Musée national d’art contemporain compte parmi les 50 les plus visités au monde. Les artistes les plus actuels d’un pays qui n’a intégré la fameuse Biennale de Venise qu’en 1990 sont plébiscités dans le monde entier, les cotes montent en flèche. Outre la "K-pop", ses jeux vidéos, séries télévisées inondent l’Extrême-Orient, la Chine en particulier (les programmes coréens écrasent aisément l’ensemble de toutes les autres émissions étrangères en termes d’audience et de temps d’antenne). C’est cela qu’on appelle l’hallyu, cette vague qui a fait de Séoul une métropole à la fois élégante et excentrique.

Mais attention : Pyongyang (capitale de la Corée du nord, la soeur ennemie historique) inquiète de plus en plus. Une cyberattaque massive visant les télévisions et les banques en mars dernier, l’annonce d’une très hypothétique guerre thermonucléaire par Kim Jong-un (fils du dictateur Kim Jong-il) ont fait bondir, à Séoul comme dans l’ensemble du pays, les ventes de produits de première nécessité, déstabilisé significativement le marché et fait revoir les perspectives de croissance à la baisse.

 Une référence bibliographique qui semble tout à fait valable.