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Musique

Young Thug is real

Une ode au showcase

Pierlo, le 7 décembre 2015

Compte rendu subjectif du concert de Young Thug à Anvers. Le showcase en club, ou la meilleur façon de consommer du rap live en 2015.

En ce début de mois de novembre cafardeux, Young Thug avait annoncé une mini tournée de clubs en Europe. Dans les heureux élus figurait un club anversois qui m’était complètement inconnu : Ikon. Ni une ni deux, j’ai motivé une poignée de potes trentenaires aguerris des concerts en tous genres, mais peu habitués aux showcases, et prêts à risquer la soirée dans l’inconnu total pour constater l’existence du nouveau prince du rap. Je n’espérais d’ailleurs pas grand chose de plus que cette simple constatation. Mais rien que cela en valait la peine.

23h : Nous voilà donc arrivés à destination dans une sinistre zone industrielle au bord du canal. Le lieu parfait où imaginer un règlement de compte à la Michael Mann.

Arrivés tard pour un concert mais tôt pour les noctambules habitués des clubs, nous avons été dans les premiers à pénétrer dans un lieu ultra sécurisé d’une froideur extrême. Ce genre d’endroit vide est aussi chaleureux qu’un garage de banlieue en pleine nuit. Les rares personnes arrivées aussi tôt que nous déambulaient comme des fantômes entre les tables réservées ; le son convenu et les quelques lights réchauffaient difficilement l’atmosphère. Il allait falloir s’armer de patience.

00h30 : Doucement le flux des post ados fraîchement pubères s’est densifié. Dress code de rigueur : on sort ses Lacoste et Ralph Lauren, cheveux méga gominés, avec sa bitch en mini-minijupe ou leggings léopard pendue au bras.

La soirée commençait à être intéressante. La relève de DJ accompagné d’un MC vociférant les punchlines de A$ap Rocky, Gucci Mane, Booba, Drake ou Kaaris chauffait à blanc l’audience de grands connaisseurs qui hurlaient toutes les lyrics. Le balcon VIP était plein de blacks plantureuses qui toisaient la plèbe un verre de champ’ à la main. La soirée battait son plein, et aurait pu penser que tout ce petit monde avait oublié que le clou de la soirée n’avait toujours pas eu lieu.

2h30 : Soudainement la pénombre est tombée, les basses se mirent à faire trembler les murs, et sur une plateforme à 3 mètres du sol le prince dauphin a fait son apparition comme un félin affamé tout de cuir vêtu, lunettes noires et bagouses à chaque doigt. Cette entrée implacable avait tout de celle d’une rock star.

Impossible de résister à l’euphorie ambiante et au charisme sidérant de Young Thug.

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Il a expédié ses tracks favoris à un rythme effréné des morceaux phares du Rich Gang à Check au "summer hit" I Know There’s Gonna Be (Good Times) de Jamie xx. Les morceaux sont balancés tels quels, avec les vocaux, sur lesquels Young Thug se contente de renchérir. Il n’en faut vraiment pas plus pour mettre le feu aux poudres. Le DJ, alerte, était prêt à dégainer un nouveau son dès que Thugger se lançait. Ce qui m’a marqué dans ce show c’est que c’est le DJ qui suivait et réagissait au moindre frémissement, à la moindre syllabe.

Le show aura duré en tout et pour tout 35 min, soit une éternité à l’échelle du plaisir pris dans un live de rap. Avant de partir nous avons été ravis par un joli booty shake lascif au milieu du dance floor magnifiquement exécuté par une créature voluptueuse.

Nous étions comblés et pouvions affirmer : Young Thug existe !