Bilan 2015 : Jeux indépendants et gratuits
Selon Pierrec
, le 3 janvier 2016
Pierrec, comme il l’avait déjà fait l’année passée, nous fait l’honneur de nous proposer sa sélection des 10 meilleurs jeux vidéo indépendants, et gratuits, de 2015.
En 2015, j’ai présenté près de 250 jeux sur l’Oujevipo. 250 jeux qui d’une manière ou d’une autre ont su me séduire, me surprendre ou m’intriguer. Aussi, il n’est pas aisé d’en extraire 10 de cette masse grouillante de bonnes idées. Ai-je bien en mémoire l’effet qu’ont produit sur moi les jeux de janvier ? Ai-je assez de recul sur les jeux de décembre ? On va faire comme si. Voici donc les 10 jeux de 2015 dont le souvenir m’est le plus précieux.
– #1 It’s adoorable
Une minute, rien qu’une petite minute. Il n’en faut pas plus à It’s adoorable pour se propulser à la tête du classement. Son auteur Nicky Case avait déjà prouvé son talent de game designer à travers Coming out Simulator et Parable of the Polygons, mais cette carte de St Valentin interactive en est finalement la meilleure illustration.
– #2 SPOINGS
D’abord il y a eu Rogue, puis le roguelike, puis le roguelike-like, et puis il y a eu SPOINGS. Reprenant les bases du genre, SPOINGS transforme l’exploration de donjons générés aléatoirement et la mort permanente en petite gymnastique digitale, c’est-à-dire à deux doigts. On y joue distraitement, en pensant à autre chose, et puis on recommence, et puis on recommence.
– 3 Royals
Semblant tout droit sorti d’un Macintosh 128k, Royals semble aussi à première vue impossible. Comment en effet un malheureux paysan pourrait-il parvenir à la tête d’un royaume ? Il n’y a en fait pas une, mais une demi-douzaine de solutions, et chacune d’entre elles nécessitera une gestion au poil et une bonne dose de patience.
– 4 What we did
Road movie pour deux joueurs, What we did nous conte la cavale d’un couple de criminels façon Bonnie & Clyde. Une cavale sans course-poursuite ou échange de tirs, mais emplie de doute, de regrets et d’amour. À nous de déterminer la durée du voyage, car la destination, au fond, nous la connaissons déjà.
– #5 Mango Blue
Avec la dématérialisation des jeux, les tutoriels intégrés et les walkthrough vidéo, nous avons perdu le goût des manuels papiers. De manière tordue autant d’humoristique, Mango Blue les rappelle à notre bon souvenir. Oh, et il nous fait incarner un orang-outan, y a-t-il un animal au monde plus cool que l’orang-outan ?
– #6 Fit in
Contrôleur qualité d’une abstraite chaîne de production, il nous faut faire entrer les pièces défectueuses dans le moule. Les tailler, les raboter, jusqu’à ce qu’elles aient la forme et la couleur désirée. Si son gameplay est très répétitif, Fit in n’est pas exempt de message : le tout est de se poser les bonnes questions.
– #7 Moving Stories
Ses serviettes, ses chemises, son magnéto, ses cassettes, son sombrero, ses lunettes, son savon, son pantalon, son pyjama, ses jupons, la belle laisse de son chien, la photo de Sébastien...chaque objet que l’on met dans sa valise est le fragment d’une histoire, et c’est celle-ci que nous conte Moving Stories, menant la narration procédurale à un point culminant.
– #8 She might think
Le jeu vidéo manque de personnages féminins, de vrais personnages, avec une profondeur, une épaisseur, alors She might think nous en offre six. À travers six visites d’un même appartement, cette série nous montre à quel point il est en fait aisé de créer des personnages « vrais » : il suffit de les laisser parler, et de les laisser penser.
– #9 Dr Langeskov, the tiger and the terribly cursed emerald
Avec The Beginner’s Guide, Davey Wreden nous a montré cette année ce que c’est que de créer. Avec Dr Langeskov, the tiger and the terribly cursed emerald, le coauteur de The Stanley Parable, William Pugh, nous montre ce que c’est que de jouer. Dans un jeu comme dans une pièce de théâtre, et avec le talent, la mise en abyme et l’humour auxquels il nous a déjà habitués.
– #10 Car on a stick
Jouer, en un sens, ce n’est que simuler, faire semblant. Le jeu vidéo permet des simulations de plus en plus réalistes, mais Car on a stick préfère revenir aux fondamentaux, nous proposant de faire semblant même de jouer. Un décor malléable, une voiture au bout d’un bâton, cela suffit amplement pour s’imaginer des courses effrénées et se pencher dans les virages.