Rollins Band, The End of Silence, Imago, 1992
La perle du jazzcore
, le 10 janvier 2013
On a tous été jeune un jour, et on planque tous au moins un disque au fond d’un tiroir, un album qu’on adore mais qui nous mettrait la honte devant les potes : RATM, Korn, Tool, ce genre de trucs. En ce qui me concerne, c’est The End of Silence de la joyeuse Bande à Henry Rollins…
Adoré dès la première écoute, écouté et réécouté, puis enterré parce que "Rollins Band c’est pour les beaufs" (tout en l’écoutant quand même les soirs de blues…), puis ressorti du placard, et aujourd’hui pleinement assumé. Ok, le personnage, mégalo au dernier degré, peut énerver. Un genre de Chuck Norris du rock qui semble nous dire : "Hey petit, avant j’étais un blambec comme toi, mais un jour je me suis pris en main et je me suis inscrit à un club de muscu, et aujourd’hui je suis Rollins, le seul, l’unique…" Engagé au pied levé par le groupe de punk US Californien Black Flag en 1979 après être monté sur scène et piqué le micro pour chanter à la place du fantoche remplaçant Keith Morris, le jeune homme issu d’un petit groupe punk sans envergure, State of Alert, fait évoluer le groupe vers un hardcore plus mûr, vers lequel il lorgnait déjà. C’est après le split en 85 que Rollins créé le Rollins Band. Life Time (1987) et Hard Volume (1989) ont encore le côté pied de plomb de Blag Flag. The End of Silence (1991) sera un succès à la fois critique et commercial, et à mon avis le seul (très) bon disque d’un groupe qui ne fera par la suite qu’enchaîner les rogatons surproduits. En 1991, Rollins voit son meilleur ami Joe Cole, roadie de Black Flag et Rollins Band, se faire abattre froidement sous ses yeux lors d’une agression. Il a donc la rage, et ça s’entend, particulièrement dans le dernier morceau du disque "Just Like You", un hommage à Cole où Rollins hurle justement le mot "rage" à n’en plus pouvoir. A retenir également le premier morceau "Low Self Opinion", celui que j’ai sans doute le plus écouté, qui ouvre l’album sur une dynamique assez géniale. Sur ce disque étiqueté "jazzcore" (le côté jazz est surtout sensible du côté de la section rythmique), le guitariste et vieux pote d’Henry Chris Haskett (il l’a accompagné dans certains de ses shows de spoken word), dont on pourra trouver certains riffs et solos un tantinet trop "wock’n’woll", le batteur Sim Cain et le bassiste Andrew Weiss (tous deux issus du side project de Greg Ginn de Black Flag, Gone) déploient une véritable science des ambiances dans un album tout en nuance. On ne sait jamais comment les morceaux aux plans subtils vont finir. Le meilleur exemple est le morceau "Almost Real".
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