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Jeux vidéo

Art

Thibault brunet : Vice City

Dirt Noze, le 2 mai 2014

Thibault Brunet est un photographe virtuel. Il arpente les mondes numériques, en l’occurrence des jeux vidéo, pour y capturer ses prises de vue et, au passage détourner des genres bien codifiés de l’histoire de la photographie et nous questionner, non sans humour, sur notre rapport à la réalité.

Landscape et First Person Shooter étaient deux reportages de guerre réalisés au sein de Call of duty : Modern warfare, un célèbre jeu de tir à la première personne et inspiré des conflits du moyen-orient, que l’auteur a beaucoup pratiqué. Le premier nous montrait des paysages dévastés et vides d’humanité, quand le deuxième était une série de portraits de guerriers au repos.

Cette série fut réalisée durant une mission d’entrainement dans un camp en Afghanistan des forces américaines. Loin de l’agitation des stands de tir et des explosions, j’ai arpenté la zone à la recherche des autres soldats. Je les découvre pour la première fois en dehors de l’effervescence des missions, jouant au basket-ball, faisant de la musculation ou simplement assis. Je les photographie alors dans cet instant de pause, de loin puis de près. Je traque ces visages de synthèse à la recherche d’une lueur. Il émane des regards une sensibilité étrange. Les visages des soldats portent les marques de l’horreur et de la souffrance et pourtant, au delà de l’anthropomorphisme hyper réaliste, on pressent comme une vague indifférence...
Thibault Brunet

Avec sa nouvelle série sobrement intitulée Vice City, le reporter de l’impossible revient aux paysages vides mais dans un tout autre environnement, celui de Vice City, le cultissime deuxième opus de Grand Theft Auto III. Basé dans les années 80, le jeu de Rockstar recréait une version fantasmée de Miami, quelque-part entre la série Miami Vice et le Scarface de Brian de Palma. Thibault Brunet nous ramène de ses pérégrinations dans la ville du vice et des couleurs pastels, une série très graphique de pure photographie d’architecture, qui confine parfois à l’abstraction.

La série Vice City traite du paysage. Dans les jeux vidéo celui-ci tient un rôle secondaire, posé comme simple décor pour l’action. Au rythme ralenti de mes promenades, j’ai parcouru ces espaces oubliés des joueurs. Les photographies donnent à voir des espaces en marge, désertiques et industriels. Images inscrites dans l’histoire de l’art, l’esthétique rappelle à la fois la photographie contemporaine, l’estampe japonaise et la peinture. Pourtant elles restent des archétypes de paysage ; des images fantasmées d’un paysage intemporel. Le trouble plane sur la nature et l’origine de ces photographies flottantes.
Thibault Brunet

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