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Films

EATEN ALIVE, le Crocodile de la mort

de Tobe Hooper

Dirt Noze, le 10 janvier 2010

Au cœur de la Louisiane, une jeune prostituée qui cherche un endroit pour la nuit, échoue à l’hôtel Starlight. Le gérant du motel est un maniaque qui, dans ses accès de folies, offre ses clients aux redoutables mâchoires de son alligator.

"Eaten Alive" (aussi appelé Death Trap ou Horror Hotel selon l’humeur des distributeurs) (Le Crocodile de la mort en VF) de Tobe Hooper (1977)

Normalement, toute personne n’ayant pas de problème particulier avec la représentation de la violence à l’écran a vu et apprécié à sa juste valeur le chef-d’oeuvre de Tobe Hooper, Massacre à la tronçonneuse. Par contre, c’est moins évident pour Eaten Alive, le second film du réalisateur. Trois ans après le succès de Massacre à la tronçonneuse, Hooper réalise ce curieux film de croco, moitié film de commande pour drive-in, moitié film plus personnel.

Entre deux chaises

Un peu bancal, Eaten Alive se situe quelque-part entre Massacre à la tronçonneuse et Psychose, entre le film d’horreur réaliste 70’s et le film 50’s de studio. Hooper reprend des motifs entiers de son précédent film mais transpose le tout dans un univers visuel délibérément factice, aux éclairages expressionnistes (faisant parfois penser aux rouges et aux bleus radicaux de Suspiria sorti la même année).

Le film est entièrement tourné en décor de studio alors que la tendance de l’époque est au réalisme et aux décors naturels. Une tendance dont Hooper aura été d’ailleurs un des porte-étendard avec Massacre... Il décide malgré tout et contre toute attente, d’aller à l’encontre de ce que l’on attendait de lui pour faire un hommage aux films d’horreurs des 50’s, avec monstres en caoutchouc et décors en carton.

Le mal est en nous

Tobe Hooper n’en délaisse pas pour autant les thèmes principaux de Massacre : les rednecks sont bien là, et l’ombre du Vietnam plane sur le bayou. Pas de magie, pas de mutants ni d’extra-terrestre, le mal ne vient pas d’ailleurs, il est en nous. En d’autre termes, le mal est américain, généré par la société et ses travers. Le personnage de Judd, ancien du Vietnam (ou de la seconde guerre mondiale, on ne sait pas trop), est un plouc dégénéré et complètement fou qui subit des accès de violences hystériques. Souvent déclenchées par des pulsions sexuelles, ses crises de folie meurtrières se soldent dans le sang.

Campé par la star des 50’s Neville Brand (lui-même ancien vétéran de la seconde guerre mondiale), Judd est une sorte de Norman Bates déglingué du bayou.

Un film de commande

Tobe Hooper n’ayant presque rien touché des bénéfices engrangés par l’énorme succès de Massacre à la tronçonneuse, ses producteurs mafieux n’ayant peut-être pas jugé bon de le rémunérer en proportion, il se retrouve contraint de réaliser un film de commande.

On lui demande, pour surfer sur la vague du triomphe de Jaws (Les dents de la mer en VF), de faire un film d’horreur de monstre aquatique. L’affiche et toute la publicité autour du film sont trompeuses sur l’importance du crocodile dont on comprend très rapidement que le rôle ici est mineur (il sert grosso modo à faire disparaitre les corps), le véritable sujet du film reste le personnage de Judd et ses acolytes, tous plus ou moins déglingués. Le croco n’intéresse clairement pas Hooper qui le laissera 99% du temps hors champ.

EATEN ALIVE

Les amateurs de films de genre retrouveront sur le bord du bayou une belle brochette de comédiens typés. On y dégustera, en plus de Neville Brand, Marilyn Burns, la scream queen de Massacre à la tronçonneuse ainsi que Robert Englund (futur Freddy Krueger), William Finley (Phantom of the Paradise, Sisters etc.) et une incroyable Carolyn Jones, une autre rescapée des 50’s, (La Famille Addams) excellente en vieille maquerelle déglinguée.

La bande son

L’excellente bande son du film, composée par Hooper lui-même et Wayne Bell, une musique électronique analogique expérimentale et flippée, typiquement 70’s, se mêle à la country western décérébrée vomie par des postes radios vacillants. Les deux sources sonores se télescopant à la nausée.

Finalement

Un peu oublié, Eaten Alive reste un des meilleurs films de Tobe Hooper et un faux nanar 70’s comme on les aime. Une ambiance particulière se dégage de ce bayou de studio qui nous laisse un goût de nostalgie malgré la violence assez crue de certaines scènes.

Le Croco aura en tout cas marqué cet amateur de nanards de Tarantino qui reprendra telle quel (ou presque) la phrase d’ouverture du film crocodilesque "My name is Buck, and I’m ready to fuck" dans Kill Bill. On retrouve aussi beaucoup de l’ambiance du bar à péquenots tout en bois dans Death Proof (Boulevard de la mort en VF).

Un film un peu oublié mais qui vaut son pesant de cacahouètes, pour les amateurs du genre.

La bande annonce :

Le générique (et la musique composée par Hooper) :

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