Da Mind of Traxman
, le 20 avril 2012
Cornelius Ferguson, alias Traxman (ou Corky Strong) est un vieux de la vieille sur la scène dance chicagoan, naguère vétéran de la Ghetto House, le producteur et DJ est devenu naturellement, aux côtés de ses complices DJ Spinn et DJ Rashad, un incontournable de la Juke et du Footwork. Ça fait plus de vingt ans que le virtuose des platines a fait ses preuves sur les dancefloors. Dans les 90’s il est à l’origine du collectif Geto DJz et a sorti des tracks chez Dance Mania records. Aujourd’hui il en sort sur Ghettophiles ou PLanet Mu, fait parti des Ghetto Teknitianz de Spinn et Rashad et sortira probablement du son sur leur futur label Lit City Trax.
Mais surtout il inspire et donne le ton sur la scène Footwork avec ses tracks aux influences riches et variées.
Le DJ cite volontiers comme source d’inspiration des artistes aussi hétéroclites que Kraftwerk, les Temptations, Miles Davis, Led Zeppelin, Tito Puente, Sun Ra ou Depeche Mode. Et on retrouve effectivement tout ce petit monde dans sa musique et dans la diversité de ses prods.
On le voyait en 2010 dans le très court documentaire de NPR parler avec amour de ses vinyles et de la façon dont il utilisait les samples et les boucles pour donner de la Soul à ses tracks. Il est amusant de retrouver dans Itz Crack les samples de jazz que le producteur nous avait alors présentés pour illustrer son travail.
L’album Da Mind of Traxman, accompagné de sa superbe pochette psychédélique qui nous rappelle les longs albums Jazz Rock des années 70, vient de sortir chez Planet Mu et expose sur ses 18 titres la diversité des influences du DJ. Ses tracks sentent bon la Soul, le funk et le Jazz mais peuvent également s’ouvrir à une énergie Rock ou Hip-Hop tout en s’alignant toujours dans la pure tradition House de Chicago. En témoigne le titre 1988, vibrant hommage à l’Acid House et à la TB-303.
On sent ces temps-ci que le Footwork arrive à un stade où il cherche à sortir des gymnases. Cette musique qui fut un temps uniquement rythmique et fonctionnelle, véritable machine à faire bouger ses jambes, parfois difficilement écoutable en dehors des battles, semble prendre des inflexions plus harmonieuses. Elle tente, en re-visitant son patrimoine (Jazz, Soul, Rock, House, Hip-Hop) de séduire un auditoire plus large, notamment avec le travail de gens comme DJ Spinn, DJ Rashad, DJ Diamond ou Traxman. Le Footwork essaye ainsi de s’immiscer dans les salons pour chatouiller les oreilles de l’auditeur en canapé, tente de s’accorder sur les pas du mélomane pédestre pour s’infiltrer dans les playlists de son iPod ou encore s’invite dans les auto-radios pour imposer sur la route ses grooves complexes mais lancinants tout en sub basses et high snares.
Avec ses influences diverses et son parfum soul cet album pourrait peut-être toucher enfin un plus large public que les autres productions du genre et l’aider à sortir de son ghetto.
Pour finir :
Mais pour mieux comprendre le bonhomme et sa musique il faut nous rappeler que si Traxman est un producteur fin et complexe, il est aussi et surtout un DJ qui manie les vinyles avec un certain talent. Pour vous en convaincre allez donc jeter un oeil sur les mixes qui trainent un peu partout, et notamment par ici. Régalez-vous de la vidéo que je vous colle ci-dessous où Traxman nous envoie un mix de Ghetto House bardé de scratches et tout simplement FOU.