Shä-key - A Head Nädda’s Journey To Adidi Skizm
+ Adidi, the Unrocked Story
, le 18 juin 2012
Au début des années 1990, Shä-Key, que l’on connait également également sous le nom de Hanifah Walidah, fait partie de la scène slam/rap new-yorkaise encore balbutiante mais bouillonnante qui mélange alors l’énergie de la culture Hip-Hop avec la spoken poetry. Elle y partage les planches des café-slam, comme le Nuyorican Poets Cafe, avec Saul Williams ou encore High Priest et Beans (qui formeront bien plus tard le groupe Antipop Consortium), c’est d’ailleurs avec Piest et son compère Earl Blaize (le DJ/producteur et 4ème membre de Antipop) qu’elle créera le collectif Vibe Khameleons. À cette époque on la croise aussi au sein du Brooklyn Funk Essential avec lequel elle continuera à tourner pendant de longues années.
A Head Nädda’s Journey To Adidi Skizm
En 1994, Shä-Key sort l’album A Head Nädda’s Journey To Adidi Skizm, avec Earl Blaize à la production. Il s’agit d’un premier projet solo extrêmement innovant mélangeant Hip-Hop expérimental, Soul, Slam, samples, instruments live et la "human beat box" de Rahzel ( qui deviendra le beatboxer des Roots). Ce sera également l’album où de nombreuses oreilles curieuses découvriront pour la première fois sur galette les flows de Beans et de High Priest. On y retrouvera également J-Live et Ill Bill. L’album est vraiment original et tente de faire évoluer le Hip-Hop dans de nombreuses directions, mais peut-être qu’il tire dans trop de directions et peine à se trouver véritablement. Ce sera bien évidemment un bide commercial mais il reste quoi qu’il en soit une référence du Hip-Hop indépendant.
À titre personnel je retiendrai particulièrement Doompasaga, morceau sauvage où Shä-Key croise le fer avec l’enragé Ill Bill et surtout avec un High Priest méconnaissable qui bombarde ses couplets dans un style complètement free qui fait plaisir aux oreilles.
Shä-Key - Biocostal Holdup
Adidi, the Unrocked Story
Après ce premier essais Shä-Key, qui se fera dorénavant appeler Hanifah Walidah, ne fera plus d’album solo pendant 10 ans. Mais cela ne l’empêchera pas de multiplier les projets, en solo, avec le Brooklin Funk Essential ou le Vibe Khameleon, mais aussi avec d’autres artistes comme Alex Kid, High Priest (pour la compilation Connected) ou encore Mike Ladd (The Majesticons). Pluridisciplinaire, elle s’essaie également à d’autres formes d’expressions comme l’écriture, le théatre ou la vidéo. Ouvertement homosexuelle, elle prendra également le rôle de porte parole de la communauté LGBT de couleur.
En 2005, toujours accompagnée de Earl Blaize à la production elle sort un deuxième album solo, une sorte de suite à A Head Nädda’s Journey To Adidi Skizm, un album de rap/slam expérimental intitulé Adidi, the Unrocked Story. Earl Blaize livre ici un son plus electro que pour le premier opus, dans la droite lignée des productions du Antipop Consortium.
Sous la forme d’un mini-opéra rap les deux comparses, flanqués de Saul Williams, muMs, Nimflo Nine et Skamz, partent à la reconquête des valeurs fondamentales du Hip-Hop : La pulsation originel (le beat), le mouvement (la danse), l’écriture (le preach, le rap), l’image (le graffiti et l’expression direct). Tour à tour sont abordés les multiples éléments qui donnent vie à la culture Hip-Hop.
Ce deuxième album est un objet étonnant, peut-être plus homogène que le premier, sûrement mieux maitrisé, mais peut-être aussi un peu moins foufou. (quoi que)